« Un monstre à Paris », la chanteuse Vanessa Paradis vient compléter le casting du film

Image extraite du film Un monstre à Paris.
© EuropaCorp – Bibo Films – France 3 Cinema – Walking The Dog

Interview de Vanessa Paradis doubleuse dans le film Un monstre à Paris. C’est son ami de longue date Matthieu Chedid qui l’a fait rentrer dans l’aventure !

Comment Bibo vous a-t-il présenté le projet ?

En fait, c’est Matthieu qui m’a parlé du projet il y a quelques années. Il avait été contacté pour faire la musique et les chansons du film. Je n’ai pas vu Bibo tout de suite, nous nous sommes d’abord simplement parlé au téléphone. Il m’a raconté l’histoire d’Un monstre à Paris, m’a expliqué son contexte : le Paris 1900, les inondations, les cabarets… J’avais beaucoup aimé ses précédents films d’animation et ai rapidement lu le scénario.

Vous avez donc participé au projet très en amont ?

Oui. C’est la première fois qu’en tant qu’actrice, je participe si tôt à la création d’un film d’animation. Sur Un monstre à Paris, j’ai tout suivi dès le début, depuis la création des images qui doivent se calquer sur vos expressions, sur vos mouvements. Nous avons commencé par enregistrer les chansons avec Matthieu en studio. Bibo a une oreille musicale très affutée, et il a été comblé par le travail de Matthieu. Puis, très vite, j’ai travaillé avec lui la voix parlée de Lucille, ce personnage féminin qu’il a entièrement imaginé.

Pouvez-vous nous décrire un peu plus cette Lucille ?

Lucille est quelqu’un qui s’efforce de bien faire les choses et de ne froisser personne, tout en gardant une certaine indépendance. Elle est coincée et libre à la fois. Elle tient un cabaret, ce qui signifie beaucoup de responsabilités et de pression, et a une tante assez imposante, qui aime être obéie et exige d’elle une conduite toujours politiquement correcte. Mais elle parvient quand même à faire ce qui lui plaît : c’est avant tout quelqu’un qui adore la scène. Lorsqu’elle est sur scène et chante, c’est comme si elle s’échappait de son quotidien et de ce cadre étouffant. Bibo lui a d’ailleurs dessiné un costume avec des ailes…

Cette conduite politiquement correcte qu’elle doit suivre, est-ce que vous aussi vous devez l’adopter de temps en temps ?

Nous faisons tous des efforts et des compromis pour vivre ensemble, cela m’arrive donc aussi mais je ne suis pas du tout dans la même situation que Lucille. Et puis Lucille n’est pas si politiquement correcte que ça : elle est généreuse et sensible, et pense d’abord avec son cœur. C’est la raison pour laquelle elle est la première à dépasser les apparences et à découvrir l’âme magnifique que Francoeur cache sous son aspect monstrueux. Et si elle lui vient en aide et le protège lorsque la police est à ses trousses, ce monstre va également beaucoup lui apporter. C’est lorsqu’ils sont réunis sur scène que ses ailes apparaissent…

Dans le film, vous parlez et chantez à la fois en anglais et en français. Comment s’est déroulé l’enregistrement des voix ? Avez-vous travaillé en même temps dans les deux langues ?

En 2005, nous avons commencé par l’enregistrement de la musique et des chansons en français. Pour le texte parlé, nous avons également débuté par la version française, avant d’enchaîner avec la version anglaise. L’enregistrement des chansons en anglais ne s’est fait que beaucoup plus tard.

Est-ce que les sensations sont différentes ? Vous est-il arrivé de donner des intentions différentes en français et en anglais ?

C’est vrai que la musicalité des deux langues n’est pas la même, les accents toniques sont différents. Mais l’intention vient des mots et de ce que l’on raconte, elle reste donc identique.

Comment avez-vous « trouvé » la voix de Lucille ? Les images vous ont-elles aidé à imaginer le personnage ?

Lorsque nous avons commencé à travailler sur le film en 2005, il s’agissait d’un scénario sans images, sans rien. La création des personnages est donc née des voix et des intentions. A partir de là, les échanges entre la voix et l’image n’ont pas cessé : les voix entraînent les images dans un sens, puis les images nous obligent à préciser notre interprétation, à renforcer notre intention ; et ainsi de suite… L’œuvre s’est forgée à partir de ces allers-retours. Le film s’est construit comme une cathédrale, c’était vraiment intéressant. Il était passionnant de travailler avec Bibo. Dans un dessin animé, on peut jouer de manière beaucoup plus exagérée que dans un film. D’autant que le fait de dire un texte sans être filmé retire pas mal de pression : on se demande moins comment bouger, comment se placer par rapport à l’angle de la caméra… Du coup, notre naturel est exacerbé, et Bibo donne beaucoup de liberté : il vous entraîne dans quelque chose de vraiment ludique et agréable, exagéré sans que cela devienne ridicule. Il est d’une très grande précision, et sait toujours conserver cette justesse et cette subtilité propres aux films non animés.

Vous avez, tout comme Lucille, chanté dans des cabarets. Vous aimez toujours ça ?

C’est ce que je préfère. J’ai eu la chance de jouer dans toutes sortes de salles, et le cabaret et le théâtre sont celles qui me plaisent le plus. J’aime les choses anciennes, le bois, les sculptures, le velours, et dans les cabarets il y a tout ça. Ce sont des endroits à taille humaine, les gens sont souvent en cercle autour de vous, on se sent enrobé par la salle. Et puis les cabarets ont une âme, il s’y passe tellement de choses. Il y a ce qu’on vit sur scène mais aussi tout ce qui se trame dans les coulisses, dans les loges, dans les escaliers. J’aime imaginer les gens qui sont passés là, les danseuses de revues, les costumes… ça me fait beaucoup plus d’effet que les endroits métalliques et jeunes.

Quels sont les héros qui vous ont inspirée quand vous étiez petite ? Et les antihéros ?

A l’époque, mes héros étaient – ils le sont toujours aujourd’hui – Gene Kelly et Fred Astaire. J’admire leurs talents de danseurs, leur charisme, leur savoir-faire… Ils me bouleversaient au point de me faire pleurer de bonheur et d’émotion. Ce sont eux qui m’ont donné envie de faire ce que je fais aujourd’hui. Et puis il y a aussi eu Marilyn Monroe, pour la femme qu’elle était : sa voix, sa démarche, son corps, sa force et sa fragilité, son intelligence. Mon antihéros préféré, c’est Louis de Funès. Parce qu’il s’agit de la personne la plus antipathique, la plus détestable du cinéma et en même temps la plus drôle, la plus touchante et la plus adorable. Enfin moi en tout cas, je l’adore ! Ce n’est pas quelque chose hérité de l’enfance, je regarde encore ses films aujourd’hui et prendre toujours autant de plaisir à observer le génie de cet acteur unique en son genre.

Y a-t-il des monstres qui vous faisaient peur ? Dans des dessins animés, des films, des livres,… ?

Le monstre qui me faisait peur quand j’étais petite, c’était le monstre invisible. Il vous suivait dans le couloir la nuit, quand vous sortiez de votre chambre. Il était toujours derrière vous, comme par hasard. Il ne ressemble à rien, il n’a pas de visage ni de corps. Il s’agit d’une force invisible dans le noir… C’est apparemment une peur fréquente chez les enfants.

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