Un nouvel acteur dans le rôle d’Astérix au cinéma, Clovis Cornillac se confie

Image extraite du film Astérix aux jeux olympiques.
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo / Pathé Renn Production / La Petite Reine / Tri Pictures S.A. / Constantin Film / Sorolla Films / Novo RPI / TF1 Films Production

Pour la troisième adaptation d’Astérix et Obélix au cinéma, le personnage d’Astérix habituellement joué par Christian Clavier est incarné par Clovis Cornillac. Ce dernier nous explique son arrivée dans l’aventure et le nouveau duo qu’il forme avec Gérard Depardieu.

Vous souvenez-vous de la première fois que Thomas Langmann vous a proposé de jouer Astérix ?

Très bien puisque… je lui ai dit non ! Cela devait être au début de 2005. Je trouvais que ça n’avait pas beaucoup de sens. Je ne comprenais pas pourquoi il me le proposait. Heureusement, il a insisté et est revenu plusieurs fois à la charge.

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Plusieurs choses. D’abord la réaction de mes deux filles. Un jour, on passait devant le panneau du Parc Astérix et elles étaient tout excitées simplement à l’idée qu’on pourrait y aller. Ça m’a un peu troublé. Je suis comme tout le monde, j’adore faire plaisir à mes enfants. Et je passe mon temps à faire des films qu’elles ne peuvent pas voir. Et tout d’un coup, j’avais la possibilité de me la « raconter » à la maison : « Astérix, c’est moi ! » Contrairement à tous mes derniers films, elles pourraient venir sur le tournage avec la certitude qu’on pourrait aller voir le film tous ensemble. Ensuite, en y réfléchissant, j’ai réalisé qu’Astérix n’appartenait à personne sauf à la mémoire collective. Quand je jouais avec Peter Brook, il nous avait fait apprendre tous les rôles d’un spectacle pour pouvoir de temps en temps modifier la distribution en nous disant que les rôles n’appartenaient pas aux acteurs. Astérix, c’est pareil. Il fait désormais partie du répertoire. Comme… Hamlet ! Autant on sait aujourd’hui que Gérard est le seul Obélix possible, autant on sait qu’il pourra y avoir plein d’Astérix différents qui, chacun, vont nous donner à chaque fois une part différente d’Astérix. Je me suis dit alors : « Et pourquoi pas un Astérix comme moi ? » Après tout, c’était une proposition à faire. Ensuite, il fallait que je me convainque moi-même. J’ai dit à Thomas que je voulais voir ce que ça donnait. On a fait quelques photos avec le costume, je les ai montrées à mes filles, elles ont dit : « Oh, c’est Astérix ! » J’ai commencé à me dire que c’était possible.

Comment définiriez-vous Astérix ?

J’ai le sentiment qu’avec Obélix, ils ne forment qu’un seul et même personnage qui serait le Français typique, un peu caricatural, un de ceux que je croise tous les jours au café en bas de chez moi ! Ma partie, enfin la partie d’Astérix, c’est le côté un peu franchouillard. « J’ai toujours raison, je me vexe un peu vite ». C’est un petit qui est très possessif, qui veut être très fort et qui est aussi très malin et plein d’idées. Mais c’est plutôt un rabat-joie, un raisonneur. Obélix, lui, il est le côté français sympathique, chaleureux, bonhomme, gentil, généreux. Je crois qu’on peut dire si on est honnête, qu’on se reconnaît en Astérix et qu’on se fantasme en Obélix ! A jouer, Astérix n’est pas forcément évident parce que ce n’est pas lui qui a le beau rôle. C’est lui qui fait avancer l’histoire mais ce sont les autres qui font rire. Il est aussi indispensable que les fondements de la maison mais quand les gens viennent chez vous, ils admirent le salon pas les piliers qui sont dessous ! C’est un peu le clown blanc. Vous ne le faites pas pour « ramasser », ni pour briller – sauf peut-être dans les yeux des enfants. Pour eux, ça a un sens.

Et comment ça se travaille alors un rôle pareil ?

Avec l’envie de découvrir de nouvelles choses…. Je me suis dit que j’allais surtout travailler l’aspect physique du personnage, travailler plus sur l’aspect visuel qu’intellectuel et tout naturellement je suis parti du dessin d’Uderzo. Je me suis dit « Ce personnage, c’est un dessin. » Ça implique un jeu très particulier. Très peu de textes, peu de phrases, peu de sentiments. J’ai eu envie de trouver des réponses physiques, de passer par le corps. J’ai regardé les dessins attentivement et j’ai remarqué que, bizarrement, il n’avait jamais les jambes droites, presque comme s’il avait les jambes arquées, comme s’il était toujours sur le qui-vive, dans le mouvement. Donc, avec Madeline Fontaine, on a travaillé le costume pour lui raccourcir les jambes et, surtout, j’ai décidé de jouer toujours fléchi, les jambes un peu pliées. C’est un peu fatigant mais je crois que ça fonctionne. En outre, Astérix est à fond dans ce qu’il vit. S’il est en colère, c’est de la sur-colère. C’est toujours un peu exagéré. Il a un côté comme ça un peu animal, très électrique. C’est ce que j’ai essayé de rendre. Une démarche, une allure, une rapidité…

Comment s’est passée votre première rencontre avec Gérard Depardieu ?

On a fait connaissance, lui habillé en Obélix et moi en Astérix pour des essais caméras. On s’est donc vu pour la première fois dans nos habits de travail ! Je me demandais comment ça allait se passer, pas tellement dans la vie mais à l’écran – c’est d’abord ça qui comptait. Est-ce que le couple allait fonctionner, est-ce qu’il allait dégager quelque chose de sympathique, d’amical, indispensable, à mon sens, à la réussite de l’entreprise. J’imagine que pour Gérard, après les deux premiers, ce n’était pas forcément évident de changer de partenaire. Et puis, dès les premiers claps, il m’a donné le regard. Dans le jeu, on s’est regardé et on a compris tous les deux que ça allait le faire. Je me suis dit : « Il sait que je jouerai et que je serai content d’être dans ses yeux ». Le reste, ce qui a suivi, notre très très bonne entente, ce n’est que du bonus… On passe plus de temps à tourner les films qu’à les regarder, donc, si humainement, ça se passe bien, c’est encore mieux. La rencontre avec Gérard, c’est un cadeau !

Quel est, selon vous, son principal atout pour être Obélix ?

D’être un très bon acteur. Il a chopé un truc dans l’inconscient collectif des lecteurs d’Astérix et Obélix. Il a chopé l’essence du personnage et il se balade avec. Et pour moi, c’est vraiment une trouvaille d’acteur, même inconsciente, parce que dans la vie, il n’est pas du tout Obélix. En plus, il a un nez incroyable – et là, je ne parle pas de son physique ! – il sait immédiatement avec qui il joue, il sait toujours à qui il a à faire et ce qui se passe autour de lui. Il a une manière d’être toujours à l’affût qui est assez unique.

En quoi diriez-vous que Thomas Langmann et Frédéric Forestier sont complémentaires ?

Il y a en a un, Frédéric, qui est un pur réalisateur, qui tient son plateau, qui tient la préparation et le plan de travail, qui tient tous les plans et tous les gens. L’autre, Thomas, a davantage de recul, c’est en quelque sorte le deuxième œil. Il est courant que les producteurs jouent ce rôle au moment du montage. Thomas, lui, le joue dès le tournage. Il agit en direct, il est là, il est imprégné de tout le projet, il a sans arrêt des idées que Frédéric met en œuvre. C’est en cela qu’ils sont complémentaires. Frédéric est calme, précis et séduisant. Thomas est courageux – parce qu’il faut être sacrément gonflé pour s’investir dans un projet pareil ! – persuasif, touchant. C’est un vrai malin. C’est même une sorte d’Astérix à sa manière…

Image extraite du film Astérix aux jeux olympiques.
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo / Pathé Renn Production / La Petite Reine / Tri Pictures S.A. / Constantin Film / Sorolla Films / Novo RPI / TF1 Films Production

Quel a été votre sentiment lorsque vous êtes retrouvé dans les studios d’Alicante ?

D’abord, j’ai trouvé que ces studios flambant neufs étaient un super terrain de travail. Et puis après, bien évidemment, j’ai été frappé par les décors, par leur ampleur et leur qualité. Ils sont vraiment magnifiques. Comme les costumes. Je n’ai pas été surpris parce que je savais, pour avoir déjà travaillé avec elles sur Un Long dimanche de fiançailles, de quoi étaient capables Aline [Bonetto] et Madeline [Fontaine]. Non seulement elles sont très fortes, mais elles ont un goût, un sens du détail, de la matière, de la couleur incroyable… C’est agréable de faire une comédie dont les décors sont soignés, dont les costumes sont magnifiques, dont la lumière, celle de Thierry Arbogast, est belle…

Y avait-il une scène que vous appréhendiez particulièrement ?

La course de chars sans aucun doute. Parce que j’ai beau aimer faire des choses physiques, je sais combien il faut être vigilant dans ce genre de scènes. Un accident est si vite arrivé. En plus, on ne peut pas dire que je sois en totale confiance avec les chevaux et… ils le savent ! C’était impressionnant de voir les chars tourner à la corde avec quatre chevaux lancés à fond les ballons… Mais bon, tout s’est bien passé !

Autour de vous et de Gérard Depardieu, il y a un casting prestigieux : Alain Delon, Benoît Poelvoorde, José Garcia… Cela alimente aussi votre excitation d’acteur ?

Bien sûr. Et surtout ce que je trouve bien, c’est que c’est juste avec le scénario. Delon en César, c’est simplement une idée géniale. Et qu’il l’ait accepté, c’est formidable. Il aurait eu tort de se priver d’un tel plaisir. C’est écrit pour lui et ça fonctionne à merveille. Pareil pour Brutus avec Benoît… Tout en étant très fidèle à la forme de récit de la B.D. et à son humour, le scénario fait la part belle à ce qu’ils sont, à ce qu’ils dégagent… En plus, avec Delon, on s’est très bien entendus – là encore, c’était la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas rien de courir avec des types comme lui, de courir ensemble…

Qu’est-ce qui, selon vous, fait de Benoît Poelvoorde un Brutus idéal ?

Déjà, il a l’excentricité… Et puis, il a cette capacité comme de Funès, d’assumer très bien le rôle du méchant, du tricheur et de le faire avec une jubilation que tout le monde, enfants et adultes, va adorer. Il est comme un clown dont je ne me lasserai pas… Tout le casting est impeccable : José, Stéphane Rousseau qui joue les jeunes premiers avec une vraie candeur, Elie Semoun, Jérôme Le Banner…

Votre premier souvenir d’Astérix, la bande dessinée ?

Je l’ai lu très tard. Quand j’étais gamin, je ne lisais pas de bande dessinée. Et c’est ma douce qui m’a initié. Et du coup, j’ai tout lu. Dès que je suis tombé dedans, j’en ai lu un tous les soirs ! Je me marrais, je trouvais que c’était très inventif au niveau du langage, que c’était très intelligent d’arriver à plaire, grâce à des niveaux de lecture différents, aux enfants, aux adolescents et aux adultes. Et puis le dessin, hallucinant ! Uderzo est un vrai génie…

Y a t-il une fois dans votre vie où vous auriez rêvé d’avoir de la potion magique ?

Je pense que si j’avais de la potion magique, je serais bien embêté parce que… je n’oserai pas en prendre de peur de ne plus en avoir ! Peut être que juste de savoir que je l’ai, me permettrait de faire des miracles…

Si vous ne deviez garder qu’une image de toute l’aventure d’Astérix ?

Sans doute l’image de Gérard et moi, indissociables, dans le stade, collés l’un à l’autre, en train de nous marrer, avec Delon, là haut, dans sa tribune, sur son perchoir, et Benoît au milieu de la piste en train de gesticuler, de hurler, et puis de la machinerie autour, du monde, de la poussière…

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