Pourquoi le personnage d’Obélix colle si bien à Gérard Depardieu ?

Image extraite du film Astérix aux jeux olympiques
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo / Pathé Renn Production / La Petite Reine / Tri Pictures S.A. / Constantin Film / Sorolla Films / Novo RPI / TF1 Films Production

Gérard Depardieu nous explique à travers cette interview les points communs entre lui et Obélix, et pourquoi ce personnage lui colle si bien à la peau.

C’est la troisième fois que vous retrouvez le personnage d’Obélix. Qu’est-ce qui vous touche chez lui ? 

L’amour qu’il a pour les choses et les gens qui l’entourent. C’est quelqu’un qui n’a aucune mauvaise pensée. Il ne voit pas le mal – c’est quand même reposant ! En plus, s’il lui arrive de le voir, il s’amuse avec. C’est quelqu’un d’extrêmement intelligent qui, grâce à la potion magique, est muni d’une force incroyable qu’il n’utilise jamais à mauvais escient. C’est la beauté de cette bande dessinée…

Tout le monde, Uderzo le premier, dit qu’il ne peut pas y avoir d’autre Obélix que vous. Pourquoi, selon vous ?

Je ne sais pas. Peut-être parce que, dans la vie, je suis très « obélixien ». Je suis un peu comme lui. Je peux balancer des choses aux gens comme Obélix donne des baffes. Mais c’est pour jouer. Comme lui, je crois davantage aux gens bons qu’à ceux qui remuent la merde ! Et si j’ai à faire à quelqu’un d’emmerdant, eh bien, j’en fais un jouet. Je m’amuse souvent d’ailleurs avec les gens qui m’emmerdent !

Avez-vous été surpris lorsque Thomas Langmann vous a dit que Clovis Cornillac allait jouer Astérix et non plus Christian Clavier ?

Forcément. En même temps, ça m’a paru évident. Je me suis beaucoup amusé avec Christian. Sa force, c’est ce potentiel comique incroyable. Pourtant – et bien sûr, il n’est pas question de dire que l’un est meilleur que l’autre, ce n’est pas ça la question – je pense que c’est plus juste que Clovis soit Astérix. C’est un Astérix plus juste. Y compris dans le rapport qu’il a avec les choses à faire. Ce n’est jamais laborieux, c’est léger, mais ça va au bout, c’est profond. On sent qu’il a travaillé avec Peter Brook, comme moi avec Claude Régy. Pour faire des personnages de comédie comme Astérix et Obélix, qui sont des traits, presque des caricatures, il faut être costaud. Il ne faut pas faire de l’artifice, il faut être dedans… Pour moi, il a tout de suite été Astérix. Dès qu’on s’est vus. Et ce sentiment a été renforcé dès qu’on a travaillé, grâce à ces attitudes physiques qu’il a trouvées et qui sont très vite devenues des réflexes.

D’autres personnages aussi, comme Assurancetourix ou Panoramix, ont changé d’interprètes…

Cela fait partie de l’aventure des films… J’aimais beaucoup Piéplu pour Panoramix. Je trouvais que Claude Rich – c’est sa nature ! – était certainement un peu trop inquiet. Jean-Pierre Cassel est idéal… Cette manière d’être là et un peu ailleurs en même temps. Ce charme, ce côté tranquille, serein… Franck Dubosc, c’est une bonne idée. C’est un Assurancetourix plus vrai que nature ! Et Elie Semoun aussi, c’est une bonne idée de l’avoir pris… Et Stéphane Rousseau, et la petite Vanessa Hessler… Il y avait une bonne alchimie sur ce tournage. Sur les autres aussi, mais de nature différente simplement.

En quoi, Thomas Langmann et Frédéric Forestier se complètent-ils selon vous ?

Il y en a un qui est très bien pour monter des affaires, entraîner une équipe, avoir mille idées à la seconde, et puis il y a l’autre qui est très bien pour manier au jour le jour tous ces éléments, pour fabriquer le film… Thomas, c’est un mélange d’Astérix et d’Obélix à lui tout seul, mais ça lui plaît aussi de diriger des Ferrari comme nous, d’avoir juste à appuyer sur le champignon pour qu’on y aille… Fred, en plus de son savoir-faire, de sa maîtrise, de sa manière de tenir le plateau, a une patience magnifique. Finalement, chacun complète l’autre…

Avez-vous été surpris que Delon accepte ce rôle qui joue beaucoup sur son image ?

Non, je n’ai pas été surpris. Parce qu’il est intelligent. Ses dialogues sont remplis de clins d’oeil à sa réputation, à sa carrière. Ils sont formidables… « Ave moi ! » et il dit ça, l’oeil perçant. C’est forcément jouissif. Pour lui comme pour le spectateur. J’aime bien ses rapports avec Brutus qui ne pense qu’à tuer le père… La partition de Benoît est aussi très bien.

Qu’est-ce qui vous frappe chez Benoît Poelvoorde ?

C’est un Brutus total ! Quand il est au service d’un rôle, il y est totalement. Benoît est presque plus auteur qu’acteur, il est doté d’une énergie et d’une force qui lui donnent une nature exceptionnelle avec laquelle d’ailleurs, il doit avoir lui-même du fil à retordre ! En tout cas, question occupation d’un rôle et d’un territoire, il est imbattable. C’est quelqu’un de très inventif. Un surdoué. Le drame des surdoués, c’est leur perfectionnisme, cette sensation qu’ils peuvent toujours mieux faire… jusqu’à se faire exploser. Il n’a vraiment aucune limite. Et humainement, c’est quelqu’un ! J’étais très heureux d’avoir toute cette bande-là, différente des deux précédentes…

Quelle a été votre impression lorsque vous avez découvert le stade olympique ?

Il faisait plus vrai, plus grand, qu’un vrai stade ! Et lorsqu’on y a tourné la course de chars, c’était encore plus impressionnant… Tous ces chars tirés par quatre chevaux… La vitesse à laquelle ils allaient… Il y avait à la fois quelque chose de spectaculaire et de dangereux… On parle toujours des films américains, mais je peux vous dire que là, on n’a rien à leur envier. Il y a eu sur ce film à tous les postes, au niveau technique comme au niveau exploit humain, un sacré travail, quelque chose de vraiment costaud !

Votre interprétation d’Obélix dégage dans chacun des trois films une sorte de grâce, de poésie, dont on a du mal à savoir à quel point elle est jouée ou à quel point elle vous échappe…

Elle vient juste du trait du dessin, du génie d’Uderzo et Goscinny…

Votre premier souvenir d’Astérix en bande dessinée ?

Je ne me souviens pas mais ce que je sais, c’est qu’Astérix est la seule bande dessinée que je trouvais digne. Tintin m’ennuyait. Je ne supportais pas le côté journaleux-flic-bourge. Alors que dans Astérix, j’adorais l’histoire de la potion magique, et ce côté – qui fait toujours rêver – du résistant contre l’envahisseur… Il y a dans Astérix beaucoup de légèreté et d’espoir. Et l’espoir est porté par le rire… Ça, c’est grandiose.

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