Après « X-Men » et « Jurassic World », Omar Sy revient en France pour « Le prince oublié »

Image extraite du film Le prince oublié.
© 2020 - PRELUDE - PATHE - STUDIOCANAL - TF1 FILMS PRODUCTION - BELGA FILMS PRODUCTIONS - KOROKORO

À travers cette interview, Omar Sy se confie sur sa difficulté à jouer sur des plateaux à effets spéciaux, où trouver ses repères est compliqué.

ON SE DIT QUE CETTE HISTOIRE ÉTAIT FAITE POUR VOUS : EN TANT QUE PAPA VOUS SAVEZ COMBIEN RACONTER DES HISTOIRES À SES ENFANTS EST IMPORTANT ET EN TANT QU’ACTEUR, VOUS SAVEZ AUSSI CE QUE ÇA VEUT DIRE D’INCARNER UN HÉROS…

Vous avez raison mais franchement, c’est surtout la partie concernant le personnage du papa qui m’a d’abord intéressé. Je sais exactement ce que représente le fait de devoir laisser sa fille grandir et combien c’est une étape importante… Ça me plaisait donc beaucoup de pouvoir raconter cela et d’aller toucher les hommes qui à leur tour vont le vivre ! Je me souviens qu’après le film DEMAIN TOUT COMMENCE d’Hugo Gélin, il y avait des mecs qui m’arrêtaient dans la rue pour me dire combien l’histoire les avait touchés… C’est très agréable d’avoir ce style d’échange. J’ai retrouvé cette sensation en tournant LE PRINCE OUBLIÉ… Et puis à titre personnel, je l’ai déjà vécu une fois c’est vrai et comme j’ai deux autres filles, je sais que ça va encore se reproduire !

C’EST UN PROJET ASSEZ RARE PAR SON AMPLEUR DANS LE CINÉMA FRANÇAIS : COMMENT AVEZ-VOUS RÉAGI QUAND MICHEL HAZANAVICIUS VOUS L’A PROPOSÉ ?

C’était aussi cela qui rendait l’aventure excitante. J’ai toujours cette envie d’essayer d’aborder des choses que je n’ai pas encore faites ou qui se font peu. J’ai besoin qu’un projet ait un minimum d’ambition et d’originalité ! Donc là, on me propose une histoire vraiment spéciale avec aux manettes un réalisateur comme Michel : c’est tentant non? J’ajoute que j’avais lu le scénario originel et je trouve que Michel se l’est vraiment réapproprié en développant encore plus le personnage du père. Étant lui aussi papa, ça devait lui parler autant qu’à moi… Alors évidemment s’ajoute à cela le monde imaginaire du Prince, cet univers fantastique et très cinématographique et ça c’est vraiment Michel : il a toujours besoin d’aborder le 7e art dans ses films…

C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE VOUS TOURNEZ POUR LUI. DE QUELLE MANIÈRE LES CHOSES SE SONT ELLES PASSÉES ET AVEZ-VOUS EU BESOIN D‘APPRENDRE À VOUS CONNAÎTRE ?

C’est effectivement une étape indispensable : faire connaissance avec l’autre et si possible très rapidement ! Il existe tout un langage entre un réalisateur et ses acteurs : la manière de leur parler, de leur faire passer les informations, de les diriger. Or, on ne parle pas tous la même langue ! Avec Michel, les choses sont assez simples. Je crois que nous avions très envie de travailler ensemble : nous avons pas mal d’amis en commun et on se connaissait un peu. Et puis surtout, nous étions dès le départ d’accord sur le film que nous souhaitions faire et croyez-moi : ça aide ! J’ai beaucoup appris sur ce film à ses côtés : c’est un réalisateur d’une précision incroyable, avec presque un côté maniaque sur les détails. Michel m’a constamment poussé à aller vraiment au bout des choses et à trouver en moi des éléments qui m’ont fait utiliser un peu mieux mon jeu d’acteur…

LE PRINCE OUBLIÉ EST AUSSI ON L’A DIT UN FILM AMBITIEUX PAR SES EFFETS SPÉCIAUX… C’EST UN DOMAINE QUE VOUS PRATIQUEZ RÉGULIÈREMENT À HOLLYWOOD…

C’est vrai mais je vous avoue qu’à chaque fois, au début, je suis toujours aussi perdu ! Avec X-MEN, JURASSIC WORLD ou L’APPEL DE LA FORÊT que j’ai tourné juste après LE PRINCE OUBLIÉ, c’est pareil : il faut toujours que l’on me réexplique comment faire… Je dois trouver des repères car jouer avec « rien » en face de soi, c’est vraiment compliqué.

PARLONS ÉGALEMENT DE VOTRE LOOK POUR LE PERSONNAGE DU PRINCE : UN JOLI COLLANT MOULANT, UNE FRAISE AUTOUR DU COU… VOUS AVEZ ÉTÉ GÂTÉ !

Oui on y est allé franchement ! Il fallait que le Prince ait une véritable identité visuelle. Alors je ne vous cache pas que Michel a eu un peu de mal à me vendre l’idée du collant et nous en avons beaucoup discuté avant que je l’enfile ! Mais je sais aujourd’hui que c’est lui qui avait raison et que ce costume faisait partie de l’esthétique très soignée du film : c’est un domaine dans lequel il a fait ses preuves… Michel m’a dit : « Là tu n’aimes pas beaucoup ça mais crois moi, à la fin, tu ne t’en rendras plus compte. » Et c’est vrai qu’au bout d’une semaine ou deux, je me baladais dans les couloirs des studios de Bry-sur-Marne avec mon collant et c’est le regard des gens que je croisais qui me rappelait que je portais un costume étrange ! 

DANS LE MONDE RÉEL DE L’HISTOIRE, VOUS AVEZ DE NOMBREUSES SCÈNES AVEC DE JEUNES COMÉDIENNES QUI INCARNENT VOTRE FILLE À DES ÂGES DIFFÉRENTS. LÀ AUSSI C’EST UN EXERCICE QUE VOUS AVIEZ DÉJÀ PRATIQUÉ, DANS « DEMAIN TOUT COMMENCE ». VOUS Y PRENEZ VISIBLEMENT À L’ÉCRAN BEAUCOUP DE PLAISIR. OR, JOUER AVEC D’AUSSI JEUNES ACTRICES NE DOIT PAS ÊTRE ÉVIDENT ?

En fait, pour moi, c’est la chose la plus facile à faire. J’aborde ça comme un enfant le ferait : par le plaisir du jeu… Dans ce genre de scènes, je fais comme si tout était vrai. Je n’y mets aucun autre enjeu, ni celui du résultat, ni celui d’une carrière à mener. Les enfants ne pensent pas à tout cela : ils ne veulent que jouer, ici et maintenant ! Comme je me connecte assez vite à eux, les jeunes comédiens le sentent rapidement. Dans LE PRINCE OUBLIÉ, les petites Keyla et Sarah étaient mes partenaires au même titre que les autres comédiens et avec elles aussi je n’ai jamais donné l’impression que j’en savais plus ou que j’avais plus d’expérience. J’étais tout autant fragile, vulnérable et en le leur montrant, ça les rassurait : nous étions sur un pied d’égalité, ensemble…

VOUS PARTAGEZ ÉGALEMENT L’AFFICHE AVEC BÉRÉNICE BÉJO, DANS LA PARTIE PLUS ROMANTIQUE DU FILM. DES SCÈNES PÉTILLANTES D’UN CHARME FOU…

À la lecture du scénario, le personnage de Bérénice ne m’était pas du tout apparu comme ça, je l’avais honnêtement un peu sous-estimé. C’est elle qui a réussi à amener ce côté sexy et charmant dont vous parlez à ce rôle de voisine. Elle est très très forte ! Son rôle est au final un vrai pilier de l’histoire… Sur le tournage, c’est Bérénice qui m’a embarqué, comme son personnage le fait avec le mien. C’est hyper payant et j’adore cette partie du film que je trouve très belle…

UN MOT AUSSI DU VRAI-FAUX MÉCHANT DU FILM, PRITPROUT INCARNÉ PAR FRANÇOIS DAMIENS…

C’est en effet un méchant qui ne représente aucun danger pour le Prince : son ennemi c’est plutôt le jeune Prince qui le remplace dans le cœur de la Princesse… Michel est parvenu à créer un personnage formidable et ça m’a permis de travailler pour la première fois avec François. Je peux vous dire que nous nous sommes amusés comme des mômes et c’était hyper agréable, d’autant que lui aussi au niveau du costume et du maquillage a été particulièrement bien servi !

EST-CE QUE, DERRIÈRE LA COMÉDIE FAMILIALE QUI PLAIRA BEAUCOUP AUX ENFANTS, ON NE TROUVE PAS AUSSI DANS « LE PRINCE OUBLIÉ », UNE RÉFLEXION SUR LE MÉTIER D’ARTISTE : CES MOMENTS DE GLOIRE PUIS D’OUBLI QUAND ARRIVE QUELQU’UN DE PLUS JEUNE SUR LE MARCHÉ ?

Alors moi dans cette histoire, je vois surtout le plus jeune comme celui qui va m’enlever ma fille : c’est une réflexion de papa je pense ! Dans mon métier, c’est une fatalité qu’il faut accepter : oui un acteur plus jeune va un jour débarquer mais ce n’est pas grave… Il y aura d’autres rôles à jouer ! Vous ne courez plus aussi vite, vous n’êtes plus aussi beau gosse mais il y a de formidables personnages de grand-père ! Je ne considère pas qu’un comédien puisse prendre la place d’un autre : on peut être oublié bien sûr mais c’est autre chose. Nous sommes tous condamnés à cela… C’est une question qui ne me hante pas, j’accepte cet ordre des choses. C’est tellement bon d’avoir déjà eu droit à un peu de lumière !

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