Des anciens contes du Moyen-Orient prennent vie

Image de La montagne aux bijoux
© 2005 Propos traduits par Nasrine Médard de Chardon – Novembre 2005. Les films du Whippet.

Entretien avec le réalisateur Abdollah Alimorad qui s’est rendu dans une bibliothèque de Téhéran pour dénicher de vieux contes aux auteurs inconnus et leur donner vie à l’écran.

« La montagne aux bijoux » est-il bien tiré d’un conte de tradition orale ? Quand en avez-vous entendu parler pour la première fois ? Qu’est ce qui vous a intéressé dans cette histoire ?

Il était pour moi devenu une évidence, que l’une des meilleures utilisations de la technique des marionnettes en animation était le domaine des contes. Alors, j’ai cherché partout pour dénicher « Le » conte. Un jour dans une des bibliothèques de Téhéran j’en ai trouvé un dans un recueil. Ayant rendu visite à son éditeur, j’ai appris qu’il s’agissait de contes anciens véhiculés par la tradition orale et dont les auteurs étaient inconnus. J’ai été immédiatement séduit par cette histoire de montagne dont le sommet qui recélait des pierres précieuses n’était accessible par aucun chemin. De plus, l’idée qu’un aigle y avait établi son aire me faisait rêver. Plus tard, j’ai découvert d’autres versions de ce conte. Par exemple dans l’une d’entre elles, « La montagne aux bijoux » était devenue « La vallée aux bijoux » et dans une autre, la peau de brebis était remplacée par une peau de vache. Je crois que ce conte trouve ses racines dans les régions du sud-est de la Russie (Caucase, kirghizistan et Turkmenistan) ainsi qu’au Moyen Orient.

À partir du moment où vous avez pris la décision de l’adapter au cinéma, en avez-vous transformé certains des éléments ?

J’ai effectivement apporté quelques modifications à l’histoire. Dans la version originale, le garçon utilise son stylet pour soumettre l’aigle à un chantage afin qu’il accepte de le descendre de la montagne. J’ai imaginé une version différente : L’aigle, blessé par un chasseur revient à son nid, le garçon malgré tout le soigne et une amitié naît entre eux. Dans la version originale, la mer et les grottes n’existaient pas. Je les ai imaginées et les ai ajoutées pour rendre l’atmosphère plus captivante.

À quelles difficultés techniques avez-vous été confronté lors de la réalisation ?

La plus grande difficulté pour réaliser ce film a été la réalisation des prises de vues de loin (long shoot). Notre studio n’était pas immense et nous ne disposions pas non plus de systèmes numériques. Finalement, nous avons résolu le problème en fabriquant des décors et des marionnettes de différentes tailles. Le mouvement de bateau dans l’eau et le déplacement de l’aigle faisaient aussi partie des difficultés de notre travail que nous avons pu résoudre grâce à la patience de l’équipe.

Combien de temps ont duré la préparation et le tournage du film ?

J’ai écrit le scénario en trois mois. La fabrication des marionnettes et des décors a pris six mois, puis, pour l’animation et la photographie il a fallu encore huit mois, enfin trois mois pour le montage et le mixage du son. Ceci fait un total de vingt mois.

À propos de la musique, on entend un mélange d’instruments orientaux et occidentaux. Pourquoi ce choix ? Pouvez-vous nous présenter le compositeur ?

La musique fait partie des éléments qui donnent une identité au film. Lorsqu’on entend le son de cet instrument iranien qui est le « Santour » ou le « Tar », on peut deviner l’origine du film. Mais ces instruments iraniens n’étant pas suffisants par eux mêmes il a fallu la collaboration d’instruments occidentaux. Monsieur Lachini a proposé les choses de cette façon et j’ai approuvé sa conception.

Souhaitez-vous ajouter d’autres éléments ?

Je voudrais remercier ici chaleureusement toute l’équipe du film : Farzaneh Babaï, Vajiollah Fard-e Moghadam, Mohammad-Rahim Bakhtiari, Changuiz Sayad et Fariborz Lachini. Parmi toutes les réalisations que j’ai pu effectuer, La montagne aux bijoux est ma préférée.

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