Clovis Cornillac réalisateur et acteur du dernier chapitre de « Belle et Sébastien » au cinéma

Image extraite du film Belle et Sebastien - Le dernier chapitre.
© 2018 Christophe Brachet - Radar Films – Epithète Films – Gaumont – M6 Films – W9

Clovis Cornillac rejoint l’aventure de la licence Belle et Sébastien pour travailler des deux côtés de la caméra. Il nous raconte ici comment il s’est retrouvé acteur et réalisateur de Belle et Sébastien – Le dernier chapitre.

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Un peu par hasard ! Alors que j’étais en train de réaliser quatre épisodes de la série CHEFS, le producteur Clément Miserez m’a appelé pour me proposer ce projet. Au départ, j’ai été un peu surpris car je ne connaissais pas bien la licence BELLE ET SÉBASTIEN et que, pour être honnête, je ne voyais pas ce que je pouvais lui apporter. J’ai donc répondu à Clément que ce n’était pas mon univers mais il a insisté et m’a demandé de lire le scénario.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de plonger dans cet univers ?

À la lecture du scénario, je l’ai trouvé aventureux et audacieux. J’ai tout de suite pensé à des auteurs comme Steinbeck et Conrad, ou encore à L’appel de la forêt de Jack London, mais aussi à des univers qui assument la dimension du conte comme LA NUIT DU CHASSEUR et les films de Disney. Quand j’en ai fait part à Clément, il était enthousiaste car, m’a-t-il dit, c’était exactement l’orientation qu’il souhaitait donner à la licence. Par la suite, j’ai obtenu l’assurance que Gaumont soutenait totalement mon approche sans la moindre ambiguïté : il n’était plus question de me défiler ! Je dois dire que j’ai été accompagné par des producteurs formidables qui m’ont totalement fait confiance.

On sent que vous avez pris un vrai plaisir à interpréter le rôle de Joseph, le salaud de l’histoire. Qu’est-ce qui explique sa cruauté et son absence totale d’empathie ?

Rien ! C’est précisément ce qui m’intéressait. Il est vaguement animé par une motivation pécuniaire, il incarne à la fois l’ogre, le loup et la vieille sorcière des contes de fée ! Bref, il est le mal absolu et son allure « graphique » fascine et fait peur. C’est grâce à ce type de personnage qu’on parvient à se positionner et à faire des choix déterminants dans la vie. Quand Joseph attrape le petit et le provoque en lui disant « tu prends le couteau et tu me le mets sous la joue », il y a une jubilation chez lui : il aimerait que Sébastien lui assène un coup de couteau dans la joue car il ferait alors partie de son monde, le monde des méchants. Mais le petit le regarde et jette le couteau – c’est ce que lui a appris son père. Il a un geste de dégoût et c’est à ce moment-là qu’il se détermine et qu’il fait un choix radical. Pour se déterminer, il fallait qu’il côtoie le mal : il y a chez lui une peur instinctive du croquemitaine.

Avec Joseph, on pense souvent au Robert Mitchum de « LA NUIT DU CHASSEUR ». C’était une référence évidente pour vous ?

Il y a quelque chose du conte enfantin dans ce film qui est très juste. Il faut avant tout digérer ce genre de références parce qu’on n’imite pas le talent des autres. D’ailleurs, je n’ai pas voulu revoir le film avant le tournage. Ce qui m’intéresse, comme avec les livres, c’est d’en garder une sensation, un ressenti : il n’y a pas un seul plan qui fait référence à LA NUIT DU CHASSEUR. Je l’évoque nécessairement parce qu’il m’habite surtout pour ce type de récit.

Vous êtes-vous senti épaulé par Félix Bossuet qui a participé aux deux premiers épisodes ?

Ce qui est formidable chez lui, c’est que c’est un garçon très secret qui se livre peu et qui ne rechigne pas au travail. Il n’est pas dans la défiance. La concentration considérable dont Félix a fait preuve durant le tournage de certaines scènes nous a tous énormément impressionnés. C’était d’autant plus impressionnant qu’il y avait énormément de bruit sur le plateau : pendant qu’il jouait et qu’il s’adressait à Belle, on entendait le dresseur crier ses consignes aux chiens et certains techniciens relayer des informations. On a créé un beau rapport dans le travail et il ne s’est jamais comporté en dilettante.

Saviez-vous d’emblée que vous alliez jouer dans le film ?

Clément m’a dit dès le départ qu’il aimerait que je fasse le méchant. C’était assez pratique car je n’avais pas besoin d’expliquer à un autre acteur qu’il n’était pas obligé de racheter le personnage ! On gagne beaucoup de temps. Comme je travaille énormément en amont, la prise sur moi dure dix minutes. Bref, on fait en une heure ce qu’on peut faire en une demi-journée par ailleurs. Le plus compliqué, c’était de trouver quel méchant j’allais pouvoir incarner. On a cherché longtemps et j’ai même engagé une dessinatrice de BD pour l’aspect graphique du personnage. Jusqu’au jour où j’ai eu l’idée de l’affubler d’un long nez pour évoquer la sorcière. Je me suis aussi dit qu’il aurait le crâne dégarni et de longs cheveux sales pour lui donner un côté prédateur et un chapeau pour accentuer sa dimension aventurière.

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