Un an et demi de travail pour le storyboard de « Valérian et la cité des mille planètes »

Image extraite du film Valérian et la cité des mille planètes.
© 2017 EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION

Valérian et la cité des mille planètes, l’aventure du film racontée par la production. 

DE L’ÉCRIT À L’ÉCRAN : VALÉRIAN PREND SON ENVOL

Bien avant que Luc Besson ne devienne l’un des plus grands scénaristes, producteurs et réalisateurs de films d’action, il a été un petit garçon fasciné par une BD intitulée Valérian et Laureline. La série avait vu le jour quelques années plus tôt. Le cinéaste se souvient : « À l’âge de dix ans, je me rendais chez le marchand de journaux tous les mercredis. Un jour, j’ai découvert un magazine intitulé Pilote, où on trouvait la BD Valérian et Laureline. Je me suis dit : ‘Mais qu’est-ce que c’est ?’ Ce jour-là, je suis tombé amoureux de Laureline et j’ai aspiré à devenir Valérian ». Luc Besson se prend de passion pour la BD captivante de l’écrivain Pierre Christin, audacieusement illustrée par Jean-Claude Mézières, et dévore les 22 tomes. « C’étaient les années 70, et c’était la première fois qu’on voyait un personnage féminin moderne aussi dur à cuire », confie-t-il. « Il ne s’agissait pas d’une histoire de super-héros en costumes – c’était bien plus léger, bien plus libre, et bien plus satisfaisant, parce que Laureline et Valérian sont l’équivalent de deux flics tout à fait normaux, sauf qu’ils évoluent au XXVIIIe siècle et que leur univers est à la fois étrange et merveilleux ».

D’abord publiée par Dargaud en 1967, la BD dont est tiré le film a non seulement servi d’inspiration à Luc Besson, mais a aussi influencé d’autres réalisateurs de films de science-fiction parmi les plus emblématiques des cinquante dernières années. Sans jamais oublier son amour pour Valérian et Laureline, Luc Besson s’est imposé comme l’auteur de films d’actions légendaires tels que NIKITA et LÉON. Mais c’est seulement lorsqu’il a entamé le tournage du CINQUIÈME ÉLÉMENT, son grand classique rétro-futuriste devenu aujourd’hui une oeuvre-culte, qu’il a envisagé de dépoussiérer son héros d’enfance et de caresser l’idée d’adapter la BD au cinéma. Luc Besson déclare en riant : « Jean-Claude Mézières, qui a contribué à l’élaboration des décors du CINQUIÈME ÉLÉMENT, m’a dit : ‘Mais pourquoi tu fais ça ? Tu devrais faire VALÉRIAN ! »

Limité par les effets spéciaux relativement rudimentaires des années 1990, Luc Besson constate qu’il lui faudra attendre un certain temps avant de pouvoir créer un univers à la hauteur de Valérian et Laureline. « Lorsque j’ai relu les BD », raconte-il, « j’ai compris qu’il était impossible d’adapter l’histoire au cinéma. La technologie de l’époque ne permettait pas de reconstituer tous ces univers et toutes ces créatures ». Il faudra en effet que les technologies en matière d’effets spéciaux progressent de manière spectaculaire pour que le cinéaste porte Valérian et Laureline à l’écran. Le réalisateur français a pris sa décision après avoir été invité sur le tournage d’AVATAR par James Cameron. « Grâce à AVATAR, on a eu l’impression que tout était désormais possible », dit-il. « Je me souviens m’être dit : ‘Un jour je me remettrai à la science-fiction armé de ces nouveaux outils technologiques grâce auxquels l’imagination peut s’exprimer à loisir’. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’atteler à VALÉRIAN ».

TOURNAGE À LA CITÉ DU CINÉMA

« Il est impossible de tourner ce genre de films en peu de temps », résume Besson. Pendant trois ans, il a ainsi supervisé les artistes, les illustrateurs et les graphistes alors qu’ils mettaient minutieusement au point le style de cet univers. Il lui a fallu un an et demi pour concevoir une série de story-boards très détaillés. Le tournage a débuté le 5 janvier 2016 et s’est achevé en juin de la même année. « Je suis heureux qu’on ait pris le temps qu’il fallait pour faire le film », explique Besson. « Je suis un marathonien : lorsque je tourne, je ne cours pas un 100 mètres, mais plutôt un 20 kilomètres. J’ai l’habitude des tournages qui durent longtemps. Pour LE GRAND BLEU, on a passé 24 semaines sous l’eau, et 22 sur la terre ferme. Le tournage de JEANNE D’ARC a duré 24 semaines. Je suis très têtu, si bien que les 100 jours de tournage de VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES m’ont paru presque faciles ». VALÉRIAN a été entièrement tourné à la Cité du Cinéma, initiée par Besson et située en banlieue parisienne. L’établissement, qui a ouvert en 2012 à l’initiative du cinéaste et de ses associés, abrite les plus grands plateaux de tournage de France, conçus pour rivaliser avec les studios romains de Cinecittà et de Pinewood en Angleterre. Pourvue de neuf plateaux répartis sur 26 hectares, la Cité du Cinéma offre toutes les ressources nécessaires pour concevoir et créer un univers cinématographique fantastique, d’après la productrice Virginie Besson-Silla.

En réunissant toute l’équipe dans un même lieu (à défaut du même plateau de tournage), cette production a donné lieu à une collaboration idéale entre tous les membres de l’équipe. « Il n’y avait pas de scènes à tourner en dehors de la Cité, et c’était vraiment idéal », explique Virginie Besson- Silla. « Tout d’un coup, on s’est retrouvé avec 80 techniciens pour les effets visuels, le costumier, le décorateur et les acteurs sur le plateau, et tout le monde a travaillé en équipe. Le tournage s’est déroulé sans encombres, ce qui est très surprenant pour un projet de cette envergure ». Les grosses productions hollywoodiennes mobilisent généralement une douzaine de producteurs mais, tout aussi surprenant que ce soit, Virginie Besson-Silla est l’unique – et non la moindre – productrice de VALÉRIAN ET LES MILLE PLANÈTES. « Il n’y a pas besoin de 10 producteurs », explique-t-elle. « J’échange beaucoup avec Luc, et j’ai donc une très bonne idée de ce qu’il veut. C’est bien plus facile pour toute l’équipe : si quelqu’un a une question, il n’a pas besoin de passer par un million d’intermédiaires. Les questions nous parviennent directement à Luc et moi. C’est l’avantage de travailler avec EuropaCorp : nous n’étions que tous les deux durant les débuts de la boîte, puis elle s’est progressivement développée ».

Le tournage de VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES a occupé sept des neuf plateaux de la Cité du Cinéma, qui n’a cessé de grouiller d’activité. « L’un des bâtiments était recouvert de fonds bleus », se souvient Virginie Besson-Silla. « Il y avait toujours un plateau sur lequel l’équipe construisait un décor pendant qu’on filmait une scène sur un autre plateau. Au même moment, un autre décor était démonté. C’était une rotation continue de plateau en plateau ». Beaucoup d’attention a été portée à la création de certaines créatures qui peuplent le film, comme les Doghan Daguis. « Nous les avions réalisés à l’échelle, si bien qu’ils ressemblaient à des statues sur le plateau », raconte Virginie Besson-Silla. « Lors de chaque scène avec les Doghan Daguis, nous avons d’abord filmé les statues, puis on les enlevait du plateau, et on faisait entrer les acteurs en combinaisons recouvertes de capteurs de mouvement. Ensuite, pour garder les références de lumière, on filmait les fonds utilisés pour les effets visuels en champ vide. On a fait la même chose pour les scènes avec les K-Tron ». Imaginé par Besson, le campus de la Cité du Cinéma comprend trois écoles de cinéma, un restaurant et une crèche. Autant dire que le lieu a instauré une atmosphère familiale pour les acteurs comme pour les techniciens. « Au lieu d’être dans des caravanes, on a installé les comédiens dans les loges, des appartements chaleureux et confortables », explique fièrement Virginie Besson-Silla. « On a recouvert les murs d’illustrations des décors du film pour que les acteurs puissent avoir chaque scène en tête. Ensuite, ils n’avaient qu’à prendre l’ascenseur et descendre tout droit jusqu’au plateau de tournage ».

L’ambiance à la fois étudiante et animée a suscité de multiples situations inattendues. Par exemple, Virginie Besson-Silla a croisé un jour une ancienne “élève” de Besson, Natalie Portman, vêtue en Jackie Kennedy pour son rôle dans le film JACKIE. « Je me rappelle aussi une soirée vraiment exceptionnelle », relate la productrice. « Herbie Hancock tournait ce jour-là, et le soir, on lui a dit ‘Herbie, en fait, il s’avère qu’on a un piano…’ Et donc ce virtuose a joué du piano pour toute l’équipe. On a eu plein de petits moments très précieux comme ça. On était tous réunis pour faire un film, mais dans une ambiance bienveillante et chaleureuse ».

LES DÉCORS

La création des gigantesques morceaux de décors de l’univers de VALÉRIAN, parmi lesquels le Big Market, Paradise Alley, ainsi que les nombreux vaisseaux spatiaux, salles de commande et autres bus volants, s’est avérée un défi titanesque. Si les effets visuels ont permis de rehausser et de magnifier ces décors, par ailleurs entièrement inspirés des croquis initiaux, le glissement entre plusieurs époques, allant des années 1970 à l’année 2740, a présenté un réel défi pour le chef décorateur. Pour concrétiser les idées de Besson, tous les départements ont dû étroitement collaborer. C’est ce même travail d’équipe qui a permis d’éviter les retards techniques pendant les prises, notamment au niveau des changements de lumière. Tissandier précise : « Il fallait absolument intégrer les lumières à tout moment sur le plateau. On a beaucoup travaillé avec le directeur de la photographie, Thierry Arbogast, et son chef électricien, ainsi qu’avec Greg Fromentin pour intégrer les lumières sur le plateau. Tout s’est intégré de cette façon ». « Nous n’avons utilisé que des LED pour pouvoir changer plus facilement les lumières et leur intensité avant de commencer à tourner », poursuit le chef-décorateur. « Du coup, quand Thierry arrivait sur le plateau, il avait déjà tout ce dont il avait besoin pour les séquences à venir… et en même temps il pouvait varier les couleurs s’il le voulait. Par exemple, sur un même décor, on voulait à la fois avoir la possibilité de passer la lumière au rouge, de créer des zones noires à certains endroits, de les rallumer ensuite, et ainsi permettre plus de possibilités de mise en scène. Grâce à ça, on a pu proposer plusieurs possibilités à Luc ».

LES COSTUMES

Avant que Bériot ne touche une aiguille, Besson avait déjà réfléchi à tous les détails des costumes. « On avait commencé par des croquis où je disais au dessinateur : ‘J’aime bien les manches ici, mais pas le dos’, ou bien ‘J’aime pas les pieds, par contre, le pantalon est bien’ », explique Besson. À la tête d’une équipe de plus de 150 personnes, réparties sur trois départements différents, Bériot s’est mis au travail dès juin 2015, sept mois avant le début du tournage. « Luc avait déjà envisagé beaucoup de choses avec les dessinateurs, donc il arrivait, me montrait des dessins déjà très précis des tenues spatiales de Valérian et Laureline, et il me disait ‘Je veux ça’ », raconte Bériot. « Il s’agissait de transformer les éléments de la bande dessinée et d’y ajouter les détails et la richesse nécessaires pour le grand écran ».

Les costumes les plus importants sont les combinaisons spatiales que portent les deux aventuriers, héros du film. « Dans la bande dessinée, les combinaisons spatiales sont très importantes », explique le costumier. « Valérian et Laureline portent des combinaisons spatiales blanches, très seventies. Luc pensait qu’il fallait quelque chose de plus futuriste, comme une combinaison de super-héros très technologique, à la fois fonctionnelle et tendance. Une partie du costume ressemble à une armure, aussi lisse qu’une combinaison de plongée, mais en fait c’est de la mousse, recouverte de peinture métallique. Les parties rigides sont faites en résine d’époxy, et c’est pour ça que le col brille quand on y regarde de plus près. Mon idée était d’affiner la taille de Dane et de Cara, pour que la forme du costume soit nette et belle à l’écran ».

Cara Delevingne est tombée amoureuse de son costume dès l’instant où elle l’a enfilé. « Je ne me suis jamais autant prise en photo de toute ma vie », rit-elle. « C’était vraiment le costume le plus cool du monde. En fait, c’est plus ou moins du plastique cousu sur une combinaison de plongée, mais ça rend incroyablement bien ». Les tenues ont été conçues pour être pratiques pour les scènes de combat. « C’était difficile de faire en sorte que toutes les petites lampes LED restent attachées et connectées durant les scènes d’action », explique Cara Delevingne. « Moi qui avais peur que les cascades soient impossibles à faire, c’était finalement très facile de se mouvoir dans la combinaison spatiale ». S’inspirant d’une visite à l’atelier des costumes du film MISSION TO MARS à Budapest, Bériot a installé son propre établissement à Paris, composé d’un atelier de couturières, d’un département consacré aux sculptures en résine époxy, en mousse ou en plastique, d’une équipe de teinturiers, ainsi que de deux électriciens. L’équipe était pareille à celle d’une grande maison de couture… mais spécialisée en mode intergalactique. « On voulait imaginer des choses bizarres et inédites, et on a encouragé le département maquillage et coiffure à s’engouffrer dans cette voie », conclut Bériot.

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