Remake d’un film argentin pour une comédie française avec Franck Dubosc

Image extraite du film 10 jours sans maman.
© 2020 Studio Canal

Franck Dubosc nous confie que son rôle de père dans 10 jours sans maman, est parfois très proche de son quotidien et qu’il n’en est pas très fier…

Qu’est-ce qui vous a séduit à la première lecture du scénario de « 10 JOURS SANS MAMAN » ?

En amont de cette première lecture, comme il s’agit d’un remake, j’ai eu la chance de visionner le film argentin d’origine. C’est un luxe rare de voir d’abord un produit fini, d’avoir une idée de ce que cela peut donner, puis de le redécouvrir transformé sous la forme d’un scénario adapté à une vision française. Ce rôle de papa présent-absent, ayant à jouer de très nombreuses scènes avec des enfants, m‘a énormément plu. Au-delà de la comédie, de l’humour, il y a une sensibilité, une réalité que je vis en tant que père, une vérité sur le regard que l’on porte vraiment, ou peu, ou pas du tout, sur nos enfants.

Comment définiriez-vous le personnage d’Antoine que vous incarnez ?

Il ressemble à un grand nombre d’entre nous. Il est égoïste et carriériste, les deux vont très bien ensemble en général. Il a des œillères. Il passe à côté de l’essentiel de sa vie mais avant de se dire que ses enfants sont essentiels à son existence, faudrait-il encore qu’il les regarde, or il ne le fait pas.

Comment l’avez-vous construit ?

Je me suis laissé porter. Tout était écrit et bien écrit. La seule difficulté était d’aller chercher ce que l’on est soi-même avec des enfants qui ne sont pas les nôtres, jouer à leur donner de la tendresse ou de l’amour. C’est presque plus impudique qu’une scène d’amour avec une actrice qui n’est pas votre femme. Il faut toujours se dire que tout cela n’est que du cinéma mais les petits ne font pas du tout la différence entre fiction et réalité.

Vous êtes père et on imagine souvent absent car sur scène ou en tournage. Quelle part de vous y a-t-il dans ce rôle ?

J‘exerce un métier qui est très prenant et j’ai eu tendance à faire passer ma carrière avant les enfants. Mon métier m’oubliera plus vite qu’eux, ça je l’ai compris. Pour moi ce film a été un peu comme une thérapie. Quand les femmes ne travaillent pas, les hommes ont forcément envie de leur dire qu’elles sont libres de faire ce qu’elles veulent après avoir déposé les enfants à l’école. Ils ne se rendent pas compte de la charge que cela représente. Depuis le tournage, je n’ose plus dire à mon épouse que même si elle s’occupe de nos deux fils, elle passe des journées tranquilles. D’ailleurs, elle a vu plusieurs fois 10 JOURS SANS MAMAN et à chaque fois elle m’a dit : « attention, tu es dans le film, vraiment, c’est aussi un peu toi dans la vraie vie. »

Donner la réplique à quatre enfants est-ce que cela a pu vous effrayer ?

Au contraire. J’ai pas mal joué avec des enfants et j’adore ça parce qu’ils ne trichent pas. La difficulté réside dans le fait de se laisser aller à être vrai parce qu’on ne peut pas truquer avec eux. Jouer avec le plus jeune a été un peu plus compliqué. Il a fallu d’abord le séduire puis l’attendre. C’était lui qui primait sur tout. 

Antoine est un personnage a priori indéfendable. Ce genre de partition vous intéresse-t-il et qu’avez-vous fait pour le rendre sympathique ?

Oui bien sûr que les rôles indéfendables au départ me motivent et me passionnent. Le fait que Antoine devienne sympathique était écrit dans le scénario. Mais j’ai tellement joué de personnages dans ce genre que j’ai une étape d’avance. Le public sait que je ne vais pas jouer un crétin, un con ou un méchant jusqu’au bout. Il sait que je vais me rattraper. Il fait la démarche pour moi. Je bénéficie de ce capital confiance. C’est exactement ce que je fais quand j’écris des projets personnels : je pars d’un personnage antipathique que je fais évoluer. Quoi de plus intéressant ?

Que diriez-vous des actrices qui vous donnent la réplique, Aure Atika et Alice David ?

Je connaissais Aure parce que nous avions tourné ensemble dans Trafic d’influence de Dominique Farrugia il y a vingt ans. J’ai découvert Alice David. Que dire des deux sinon qu’elles sont de jolies femmes, des actrices formidables et qu’elles ont été des camarades de jeu exceptionnelles. Nous avons collaboré en toute simplicité, sans prise de tête. Face à mon personnage, elles ont forcément le beau rôle. En fait je dirais qu’elles sont à leur place dans ce film qui va beaucoup parler aux femmes. Et ce serait bien que les hommes qui le verront puissent s’interroger aussi, se dire que leur vie est sûrement moins compliquée. Mais le rôle des hommes donc des pères d’aujourd’hui n’est plus celui de la génération précédente. Et c‘est tant mieux.

Diriez-vous qu’il y a une morale à ce film : les femmes rendent les hommes meilleurs ?

Je ne sais pas si c’est ce que l’on retiendra du film mais c’est la vérité. Concernant une morale, je dirais plutôt : il faut regarder tout près de soi plutôt que d’aller chercher loin. Le vrai bonheur est souvent plus proche qu’on ne le croit.

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