L’univers de la ferme mis à l’honneur par le réalisateur Adbollah Alimorad

Image extraite du film Vent de folie à la ferme.
© 2021 Les films du Whippet

Entretien avec Abdollah Alimorad, le réalisateur de Vent de folie à la ferme. Un programme de courts-métrages qui met à l’honneur la technique d’animation en stop motion et qui rend hommage au milieu paysan.

M. Alimorad, après 3 ans d’absence, c’est un réel plaisir de vous retrouver avec un tout nouveau film « Le Robot et le Fermier ». Quelles ont été vos activités pendant ces trois dernières années, et pourriez-vous nous parler du scénario de ce film ?

Depuis la réalisation de Un jour, un corbeau, j’ai dirigé un atelier d’animation pour mes élèves ; j’ai également réalisé à la demande du Ministère de l’Éducation, un court métrage éducatif concernant l’intérêt alimentaire des produits laitiers. Dans le même temps, pendant près d’un an et demi, j’ai travaillé sur le projet de la réalisation de mon nouveau film Le Robot et le Fermier. A propos du scénario, je suis parti à la rencontre d’une opposition entre la tradition et le modernisme. C’est pourquoi j’ai mis en scène un robot et un paysan. L’idée de départ était de mettre en évidence la confrontation de deux personnages et de deux mondes différents qui s’affrontent avant de s’accepter. Après la peur et le rejet, l’amitié s’installe peu à peu entre ces deux personnages, permettant ainsi de réunir le monde moderne avec celui du paysan. J’ai transmis cette idée à Ebrahim Forouzesh, scénariste et réalisateur renommé, qui en a fait un très bon scénario, et je n’ai fait qu’apporter quelques modifications mineures au moment du tournage.

Tous vos films ont été tournés jusqu’à présent en 35 mm, cependant, dans « Le Robot et le Fermier » c’est une toute nouvelle image à l’écran. Pourriez-vous nous dire ce qui vous a mené à cette nouvelle technologie ?

Effectivement, j’ai toujours utilisé le 35 mm, pour la réalisation de mes œuvres et plus précisément jusqu’au film Un jour, un corbeau, mais le paysage cinématographique, la technologie et le support évoluent sans cesse ; j’ai donc commencé à utiliser ces nouveaux procédés à titre expérimental, et notamment dans le court métrage éducatif récemment réalisé. J’ai pu découvrir beaucoup d’avantages à cette nouvelle façon de travailler, tant en terme de qualité d’images que de temps de tournage. Il était donc évident à mes yeux, de tourner Le Robot et le Fermier de cette manière. Pour vous donner quelques exemples : En 35 mm, pour chaque éclairage, il fallait passer des fils derrière les décors et placer des petites diodes. De plus, pour les scènes dites « long shot », il fallait recréer les décors et les personnages à chaque fois et à une échelle plus petite, comme vous avez pu le voir dans La Montagne aux Bijoux. Les techniques digitales permettent de réduire ou d’agrandir, de tourner à droite ou à gauche vos décors et personnages. Rien que cela vous permet de réduire votre budget et d’économiser votre temps. Cependant, il nous aura tout de même fallu un an et demi pour la réalisation de ce film.

Pour aller un peu plus loin dans la technique et notamment pour faire « voler vos personnages ou objets divers », vous utilisiez des fils transparents. Qu’en est-il de cet impressionnant vaisseau qui atterrit brusquement dans le champ de pastèques ?

Un des avantages les plus précieux dans cette nouvelle façon de réaliser une œuvre concerne les éléments suspendus dans l’espace. Auparavant, pour maintenir un élément dans l’espace, on utilisait effectivement un fil transparent ou une tige métallique. Cette méthode est appelée « Chromique ». Il fallait plusieurs prises de vues lorsque cela ne correspondait pas à mon souhait. Ici, le vaisseau est maintenu par une tige métallique sur fond vert et les mouvements effectués sont tournés en une seule fois. Par conséquent, à la fin du tournage, la tige est effacée par l’ordinateur et le fond vert, devenu transparent, permet le mouvement du vaisseau, pouvant ainsi le placer dans n’importe quelle scène. J’ajouterais que pour créer la fumée du vaisseau, nous avons fait appel à de jeunes réalisateurs spécialisés dans les effets spéciaux, alors qu’en 35 mm dans le film Un jour, un corbeau, nous avons créé un vrai feu et de la fumée en utilisant la technique de « surimpression » pour finalement n’obtenir que difficilement l’effet désiré.

Nous pensons que votre nouveau film prendra le chemin du beau succès de « Bahador », qui avait reçu d’ailleurs, le Grand Prix à Cannes Junior. Qu’en est-il de vos prochains projets et notamment celui d’un long métrage que nous attendons aujourd’hui avec encore plus d’impatience ?

Je suis très heureux que ce film vous ait plu. J’espère que vos prévisions s’avèreront exactes. Cela fait longtemps que je songe à faire un long métrage et j’ai même un scénario prêt pour cela. Espérons que tout se réalisera selon nos souhaits.

Sur le même sujet :

Partager l’article

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *