La jeune violoniste Alix Vaillot s’essaie au métier d’actrice dans « Le cœur en braille »

Image extraite du film Le coeur en braille.
© 2016 AJOZ FILMS, GAUMONT, FRANCE 2 CINEMA, LES MAGNIFIQUES, NEXUS FACTORY

COMMENT ES-TU ARRIVÉE SUR LE PROJET ?

Je joue du violon et fais partie d’un orchestre qui s’appelle Les petites mains symphoniques. Ma mère a reçu un mail collectif annonçant que Michel Boujenah était à la recherche d’une jeune violoncelliste pour interpréter un personnage dans son prochain film. Comme je ne pratique pas le violoncelle, ma mère n’a pas vraiment donné suite. Mais la production ne trouvait personne qui convienne et a donc décidé de rencontrer toutes les jeunes filles de 12 ans qui jouaient brillamment d’un instrument à cordes. C’est là que ma mère a pensé à m’inscrire et à me faire cette surprise. Je n’avais jamais fait de théâtre, et elle s’est dit que ce serait pour moi une expérience incroyable. C’est comme ça que tout a démarré…

QU’EST-CE QUI T’A TOUCHÉE OU AMUSÉE DANS CE SCÉNARIO ?

Au début, je n’avais pas reçu le scénario : on m’avait seulement demandé de jouer du violon devant Michel. Plus tard, j’ai lu le script et j’ai été touchée par le personnage de Victor : il découvre le monde de la musique et il est émerveillé par les sons et les mélodies. Les deux enfants m’ont aussi beaucoup émue car ils sont très différents mais ils vont chacun à leur manière bouleverser l’existence de leur famille. Et puis, mon personnage, Marie, est une jeune fille combative qui devient aveugle et se bat pour réussir à passer un concours.

CONNAISSAIS-TU LE LIVRE ?

Bien sûr ! J’ai adoré l’histoire de ce petit garçon qui ne connaît rien à la musique et qui va découvrir cet univers. Dans le livre – contrairement au film –, c’est lui le personnage principal. À l’inverse, certaines scènes du scénario ne sont pas dans le livre. De la même manière, de nombreux détails du livre n’ont pas été conservés dans le film.

À TES YEUX, QUI EST MARIE ?

Au début du film, je ne la connaissais pas, et peu à peu elle est devenue une petite sœur que je faisais naître en moi grâce au texte. Je ressentais les mêmes choses qu’elle : elle se bat pour son rêve même si ses parents pensent que son combat est perdu d’avance. Au départ, elle a confiance en elle, puis cette confiance s’effrite, et c’est grâce à son ami qu’elle retrouve la force d’aller de l’avant. Elle a le courage de se battre et je trouve cela magnifique et rare. C’est aussi une passionnée, déterminée à aller au bout de sa démarche, malgré son entourage familial.

TE RESSEMBLE-T-ELLE UN PEU ?

Par certains côtés, nous nous ressemblons. J’ai envie de devenir violoniste et quand on fait de la musique, il faut avoir une grande détermination. Même si on dit qu’on joue pour le plaisir et pour faire plaisir aux gens, la compétition est très rude. Tout le monde vous met des bâtons dans les roues, il y a de la jalousie, et on fait des envieux. C’est difficile d’avancer si on n’a pas confiance en soi et si on n’est pas extrêmement déterminé. Marie se construit une armure pour se protéger contre les projectiles. Elle élabore tout un plan pour arriver à ses fins. Je me retrouve bien dans cette façon d’être. Je rencontre moi aussi des problèmes dans la musique : ils sont différents des siens, mais toutes les deux nous partageons le même amour pour la musique et nous devons nous battre.

L’ORIGINE, TU ES MUSICIENNE, PAS COMÉDIENNE. C’ÉTAIT UN PARI DIFFICILE ?

J’ai l’habitude de jouer devant un public. Mais c’est à chaque fois une expérience nouvelle, car on ne se produit jamais devant les mêmes personnes. Parfois, ce sont des jurys, d’autres fois des bébés ou des personnes âgées, et à chaque fois, on essaie de leur procurer du plaisir. Pour moi, le jeu d’acteur est très différent. Le cinéma consiste à reproduire des émotions qu’on ne ressent pas vraiment. Afin d’y parvenir, il faut puiser en soi et chercher « une couleur » en essayant de se rappeler des souvenirs personnels. Je n’avais jamais été comédienne et c’est très intime de jouer devant une équipe de parfaits inconnus. On est dans une sorte de grande famille et on crée tous ensemble un « bébé » qui va grandir. C’est une véritable entreprise de tourner un film qui nécessite la participation d’un nombre incalculable de personnes.

QU’AS-TU PENSÉ DE L’HISTOIRE D’AMOUR ENTRE LES DEUX PROTAGONISTES ?

Michel nous a expliqué pendant tout le tournage qu’on était de « petites personnes » et qu’on allait éprouver des sentiments très forts. Et même si personne ne nous prend au sérieux, on peut avoir le cœur brisé, même à 5 ans. C’est sans doute encore plus sincère qu’à 50 ans. Ce n’est pas normal qu’on singe les enfants comme si leurs sentiments n’étaient pas sérieux. Faut-il attendre d’avoir 18 ans pour aimer pour de vrai ? Je trouve que ça n’a pas de sens. L’amour évolue en fonction de l’âge, mais le sentiment reste le même.

PARLE-MOI DE TES RAPPORTS AVEC JEAN-STAN QUI CAMPE VICTOR.

C’est un très bon comédien qui a tourné dans plusieurs films. Comme il a une certaine expérience, il m’a donné pas mal de conseils. Quand on tournait, on était vraiment amoureux en interprétant nos personnages de Marie et Victor. Car dès que je me transformais en Marie, je n’étais plus la même personne : Marie et moi étions comme deux jumelles qui se partageaient le même corps.

ET AVEC MICHEL BOUJENAH ?

Michel est un réalisateur très affectueux : il nous encourage, même quand on n’y arrive toujours pas au bout de deux heures. Il est sans cesse derrière nous à nous donner des forces, à essayer de faire naître en nous des émotions. Il sait aussi très bien ce qu’il veut. Et il s’entoure de collaborateurs qu’il sollicite pour avoir leur avis.

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